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Aude Le Gallou et Anne-Cécile Mermet présenteront leurs travaux de recherche le mardi 27 juin de 10h à 12h à l’Institut de géographie (salle 306, 3e étage). Cela sera l’occasion de réfléchir à ce que fait le tourisme aux espaces sous-investis (espaces de l’abandon) et survinvestis (espaces de l’overtourism).

 

Résumé de la présentation d’Aude Le Gallou

La présentation reviendra sur les résultats d’une thèse consacrée aux enjeux géographiques soulevés par les appropriations touristiques des lieux abandonnés. Ruines et friches urbaines sont souvent perçues comme des espaces marginaux caractérisés par leur dévalorisation et leur dégradation matérielle. Pourtant, les lieux dits abandonnés sont de plus en plus prisés pour leurs qualités esthétiques et expérientielles, à tel point que certains font désormais l’objet de valorisations touristiques inspirées de la pratique de l’exploration urbaine (urbex). Que révèle ce tourisme de l’abandon de l’évolution contemporaine des appropriations matérielles et symboliques de ces marges urbaines ? La présentation proposera une analyse croisée des cas de Berlin (Allemagne) et Détroit (États-Unis) et s’appuie sur une triple approche par les représentations et les imaginaires géographiques, les pratiques spatiales et les trajectoires des lieux. Elle montrera d’abord que la mobilisation de la catégorie lieux abandonnés formalise la mise en désir d’espaces auparavant répulsifs et manifeste une évolution des représentations collectives qui leur sont associées. Au prisme des réflexions sur l’urbex, le tourisme de l’abandon sera ensuite analysé comme une normalisation de formes d’appropriations de l’espace initialement pensées comme subversives. L’approche croisée de Berlin et de Détroit mettra enfin en évidence l’inscription variable de ce tourisme dans les trajectoires des lieux abandonnés : jeux d’acteurs, temporalités et conséquences du tourisme de l’abandon diffèrent selon les configurations locales. On distingue en définitive deux modèles d’exploitation touristique de l’abandon, l’un interstitiel et temporaire, l’autre transitionnel et plus pérenne.

 

Résumé de la présentation d’Anne-Cécile Mermet

Cette présentation porte sur l’impact de la gentrification touristique sur la structure commerciale du centre-ville de Reykjavík (capitale de l’Islande). Le tourisme a été récemment identifié comme l’un des principaux moteurs de la cinquième vague de gentrification qui se déploie actuellement (Aalbers, 2019). La notion de gentrification touristique vise à rendre compte des processus de ‘déplacement’ (displacement) d’acteurs occupant un quartier devenu très touristique. Comme l’ont souligné les travaux fondateurs sur la notion (Gotham, 2005 ; Cocola-Gant, 2018), la gentrification touristique a une dimension résidentielle mais aussi commerciale. Si l’essentiel des travaux sur la question a porté sur les déplacements résidentiels via l’analyse de l’impact d’Airbnb sur la situation des habitants long-terme sur le marché du logement, la dimension commerciale de la gentrification touristique reste peu appréhendée. Cette présentation restitue les résultats d’un projet de recherche conduit en collaboration avec la mairie de Reykjavík afin d’évaluer et d’expliquer les processus de déplacements de commerces liés au développement du tourisme dans cette ville. Reykjavík a en effet connu depuis la dernière décennie une croissance exponentielle de ses flux touristiques, et le tourisme est devenu le principal moteur de recomposition spatiale de la ville, y compris de sa géographie du commerce. De nombreux commerces banals délivrant des services de base aux habitants permanents, mais sans intérêt pour les touristes, ont subi un processus de déplacement vers les quartiers périphériques. À partir du cadre théorique proposé par Peter Marcuse sur les déplacements en contexte de gentrification et d’un protocole méthodologique mixte, cette présentation proposera ainsi une mesure statistique et cartographique des déplacements de commerces, identifiera le tourisme comme principal cause de ce processus, et proposera une typologie des déplacements de commerces.